lundi 16 octobre 2017

#balancetonporc : la parole libérée

En fin de semaine dernière, la journaliste française Sandra Muller crée le hashtag #balancetonporc.

Cette journaliste vit aux Etats-Unis, aux premières loges du scandale Weinstein. Elle se remémore les situations qu'elle a elle-même connues, telles que celle-ci :




Les réseaux sociaux s'enflamment et heure après heure, les témoignages pleuvent. Des femmes racontent des situations qu'elles ont subies. Petit florilège :

- "J'espère que tous les mecs harceleurs se réveillent ce matin avec la peur d'être dénoncés."
- "Sur beaucoup de "on va apprendre aux filles à se battre" mais pas "on va apprendre aux mecs à être normaux". Cherchez l'erreur."
- "Le plus triste en fait, c'est qu'on ait toutes une anecdote"

- "Grande radio, grand chef qui quelques années avant avait tenté de me violer, me dit "J'ai pourtant toujours été sympa avec toi"
- "Un rédacteur en chef, grande radio, petit couloir, m'attrapant par la gorge : "un jour, je vais te baiser, que tu le veuilles ou non"
 - "Retour d'un dîner professionnel. Devant un ascenseur une main aux fesses. Réaction de mes collègues: il avait juste picolé!"
- "Un chef: "avec ta voix si sexy, on aurait plutôt dû ouvrir un téléphone rose"  
- "Un client me harcèle par mail et en réunion, je balance à ma direction et on me propose une formation gestion du stress"
- "Quand un patron dit à sa salariée "et si on te prenait en sandwich là maintenant avec machin..."

Et puis arrive ce post de l'écrivaine Colombe Schneck, que je vous livre en intégralité :
"#balancetonporc, non, rien de grave, rien à dire, je n’ai jamais été violée, puis j’ai pensé à ce type la semaine dernière à une fête. Il est marié, il a posé sa main sur mon sein, l’autre sur ma fesse, en appuyant bien, et je n’ai rien dit. J’ai arrêté de respirer quelques secondes. Il m’a bien regardée en souriant. Il a continué à me parler comme ça. Je me suis souvenue des textos qu’il m’avait envoyés l’année précédente, rien de grave.
J’ai pensé à ce type, tout ventru, il y a trois jours à la piscine. Je me renseignais sur les cours de natation. Il m’a proposé un cours bien particulier. J’étais gênée. Il a rigolé de sa blague.
J’ai pensé aux centaines de fois, où des types que je ne connaissais pas ou à peine, avaient posé leurs mains sur mon corps, m’avaient demandé de les sucer, proposé de m’enculer, accusé d’avoir réussi parce que j’avais couché, questionné mes habitudes sexuelles, envoyé des photos de leur sexe en érection, suggéré que j’avais besoin d’un amant, transformé notre entretien professionnel en verre, diner, réclamé un baiser, s’étaient masturbé devant moi dans un train. La première fois, j’avais 13 ans."

Des situations telles que celles-là, on en a toutes à raconter. Plus ou moins lourdes, avec des conséquences plus ou moins sévères.
Mises bout à bout, compilées ainsi sous ce hashtag, elles donnent la nausée.

Il y a aussi ce documentaire diffusé la semaine passée sur France 2 : "Harcèlement sexuel au travail : l'affaire de tous" (que vous pouvez encore visionner ici ou en replay) qui balance des chiffres consternants. Ainsi, apprend-on, seules 5% des victimes de harcèlement sexuel au travail osent porter plainte. Et 95% des femmes qui le font perdent leur emploi. C'est la double peine ! Et cela explique vraisemblablement pourquoi la loi du silence règne tant.
Certains se cachent derrière la difficulté qu'il y aurait à faire distinguer ce qui relève de la drague "lourdingue" et ce qui relève du harcèlement. A gros traits, on dira que c'est la notion de consentement qui sert de frontière entre les deux. Si une femme dit "non", alors c'est non et la pression masculine doit cesser. La police britannique a il y a deux ans diffusé une video sur le sujet, remplaçant les références au sexe par... une tasse de thé. Toute ambiguïté est alors levée autour du consentement :

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