vendredi 12 janvier 2018

Débat autour des violences sexuelles : surenchère dans la connerie

Je n'avais pas prévu de revenir sur le sujet. Il me semblait qu'après la contre-tribune publiée par les militantes féministes il y a deux jours, les signataires de la tribune du Monde du début de semaine, "Des femmes libèrent une autre parole" auraient compris qu'elles avaient dérapé, qu'elles s'excuseraient et que grosso modo, tout le monde retournerait à sa routine.

Mais non.

Chacune campe sur ses positions. Voire enfonce le clou. Catherine Millet, à l'origine de la tribune du Monde défendant la "liberté d'importuner", en rajoute une couche ce matin sur France inter. Selon elle, il y a "beaucoup d'exagération de la part de nos adversaires qui sont dans une position sûrement beaucoup plus polémique que nous ne le sommes, nous". Elle ajoute : "le type qui fume un gros cigare à côté de moi peut m'importuner autant que celui qui met sa main sur mon genou". C'est sûr que ça doit lui arriver plus souvent qu'on lui envoie la fumée de cigare dans la tronche plutôt qu'on lui tripote le genou...

Catherine Millet

Semble-t-il décidée à poursuivre la polémique, elle assume complètement une déclaration qu'elle avait faite sur France culture en décembre dernier : "C'est mon grand problème, je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol, on s'en sort". Une posture qui choque et que dénoncent Caroline de Haas et les autres signataires de la contre-tribune, considérant que l'on franchit la ligne rouge et que cela s'apparente à une apologie du viol.

Caroline De Haas
Même topo sur le plateau de BFM TV mercredi soir. Invitée à débattre face à Caroline de Haas, en tant que co-signataire de la tribune de Millet, Brigitte Lahaie se prend littéralement les pieds dans le tapis. Elle glisse s'être "sentie obligée de la signer", considérant que : "c'est pas terrible de faire croire que tous les hommes sont des salauds". Drôle d'analyse de la situation. Etonnante posture. A plusieurs reprises pendant ce quart d'heure de débat, elle rappelle qu'elle n'a pas écrit le texte, elle l'a simplement signé. Bon, je ne sais pas vous mais il me semble que quand on vous propose de co-signer une tribune qui va être publiée dans Le Monde, vous n'acceptez qu'à la condition d'être en mesure de porter le propos de bout en bout, non ? Toujours est-il que manifestement dépassée par la tournure du débat, elle balance : "On peut jouir lors d'un viol, je vous signale"... (la video est visible ici).

Brigitte Lahaie

Voyons le bon côté des choses : avec ce genre de consternantes déclarations, Brigitte Lahaie a trouvé le moyen de s'attirer les foudres de son propre camp. Les rédactrices et signataires de la tribune ont diffusé un communiqué pour se désolidariser totalement de l'ex-actrice porno, considérant que "ces propos sont insultants envers les femmes victimes de violences sexuelles et de viols". Etrangement, elles ne se désolidarisent pas de Catherine Millet...

De son côté, Catherine Deneuve subit un lynchage médiatique de stature internationale pour avoir associé son nom à une telle campagne de dénigrement des #metoo. Ainsi l'actrice Asia Argento écrit-elle : "Catherine Deneuve et d'autres femmes françaises disent au monde comment leur mysogynie intériorisée les a lobotomisées jusqu'à un point de non-retour" . Mais faudrait quand même pas que le monde entier s'imagine que toutes les femmes françaises sont à mettre dans le même panier non plus. Donc, au cas où, je le dis et je vous invite à en faire autant, on ne sait jamais : je me désolidarise complètement des propos signés ou tenus par Catherine Deneuve dans le passé et dans l'avenir, que ce soit sur la liberté d'importuner, sur le viol, sur Roman Polanski ou sur n'importe quoi d'ailleurs.

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